La différence entre le bon et le mauvais produit…

« Il n’y a aucune chance que l’iPhone obtienne des parts de marché significatives. Aucune chance. C’est un gadget à 500 $. » ; « Il n’attire pas les professionnels parce qu’il n’a pas de clavier. »

Ces citations proviennent de Steve Ballmer, ancien PDG de Microsoft, lors de la sortie de l’iPhone en 2007.

À l’époque, les smartphones vendus en boutique tenaient plus du Nokia 3310 boosté à la testostérone que de la plaque de verre vers laquelle on se rapproche actuellement.

Quand Apple, mais surtout Steve Jobs, ont annoncé un nouveau type de smartphone équipé d’un écran recouvrant la presque totalité de la face avant, et se contrôlant uniquement au toucher, une révolution technologique a changé l’industrie du téléphone.

Voilà pourquoi ce genre de citation semble ridicule aujourd’hui, pour ne pas dire complètement à côté de la plaque.

La suite, tout le monde la connaît : le marché du smartphone s’est standardisé selon le modèle de l’iPhone et Microsoft n’a pas réussi à imposer sa vision du téléphone portable.

Mais la vraie réussite de l’iPhone n’est pas d’avoir mis à ses pieds une industrie entière.

L’iPhone était pensé pour le grand public, dans une industrie qui était essentiellement tournée vers les professionnels. C’était ça le coup de maître.

Ce n’est pas un hasard si l’Apple II, le Macintosh, l’iPod, et l’iPhone ont été produits par la même entreprise, par des équipes menées par la même personne.

Le bon produit est celui qui comprend les besoins ou les envies des utilisateurs.


Prenons des exemples un peu plus récents.

Le 6 juillet 2021, Nintendo annonçait le nouveau modèle OLED de sa gamme de consoles Nintendo Switch.

Surprise générale pour toute l’industrie vidéoludique qu’on avait gavée de rumeurs à propos d’un éventuel modèle amélioré pendant le mois précédent.

Un peu moins de 10 jours plus tard, Valve, l’entreprise derrière la plateforme de distribution de jeux-vidéo la plus populaire, annonçait le Steam Deck.

Loin de moi l’idée de faire une Steve Ballmer et de prédire beaucoup trop tôt un échec commercial pour ce nouveau produit.

Mais si le Steam Deck se présente comme une alternative à la Nintendo Switch, nous allons voir que la comparaison n’est pas aussi pertinente que le pensent la plupart des gens.

De prime abord, il s’agit du même concept.

Tout comme la Nintendo Switch, le Steam Deck présente un écran de 7″ entouré de contrôleurs.

Tout comme la Nintendo Switch, le Steam Deck peut être connecté à une station d’accueil permettant de relier son affichage à un téléviseur.

Mais contrairement à la Nintendo Switch, le Steam Deck n’est pas une console, mais un PC.

Et c’est là que les choses se gâtent.

Le Steam Deck est conçu pour accueillir des jeux PC.

Pour ce faire, la machine doit intégrer des contrôleurs permettant de s’adapter à n’importe quel type de jeu, et bien sûr être puissante.

C’est à cause de cette nécessité d’adaptation que l’on retrouve 4 boutons ainsi que 2 trackpads en plus sur le Steam Deck, comparé à la console de Nintendo.

Ces 2 trackpads prennent d’ailleurs une place conséquente sur la face avant de la machine, ce qui a obligé les designers à rapprocher les sticks des boutons, résultant en une ergonomie à l’apparence douteuse.

Qui dit jeux PC, dit puissance, et qui dit puissance dit composants plus onéreux et batterie adaptée.

Cela nous amène à un produit plus de 2x plus lourd et plus cher qu’une Nintendo Switch, rien que pour le modèle d’entrée de gamme du Steam Deck.

Comptez d’ailleurs au moins 549€ pour un modèle avec une capacité de stockage raisonnable pour espérer accueillir des jeux PC.

Vous vous demandez peut-être en quoi ces quelques défauts disqualifient toute comparaison entre la Switch et le Deck.

C’est assez simple.

Comme nous l’avons vu précédemment, un bon produit s’adapte aux besoins et aux envies de ses utilisateurs.

Or, la proposition de la Nintendo Switch est de pouvoir jouer à des jeux de consoles de salons où l’on veut, avec qui l’on veut, de la manière que l’on veut, et surtout simplement.

Il en résulte un produit léger, relativement compact, avec une approche très ingénieuse concernant ses contrôleurs, ainsi qu’une ludothèque adaptée à son support.

Au contraire, le Steam Deck est plus lourd, même s’il reste transportable, est dédié au jeu solitaire, et doit s’adapter à ses jeux.

Si le Steam Deck reste probablement en soit un très bon produit, il n’a d’une Switch que la silhouette.

Ainsi, le Steam Deck attirera plus probablement les aficionados du gaming sur PC que ceux qui songeaient à se procurer une Nintendo Switch modèle OLED.

Si le projet de Valve était de détrôner l’hybride de Nintendo, alors c’est vraisemblablement raté.

En revanche, si le Deck réussit à confirmer la présence d’une niche de joueurs désireux de jouer aux derniers jeux en nomade, peu importe les conditions, alors le pari sera réussi.

C’est ça, la différence entre un bon et un mauvais produit.


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